Chambre 8

La nuit était déjà tombée depuis quelques heures lorsque James se plaça derrière une des grandes baies vitrés de sa villa. L'avantage d'être en hauteur lui permettait d'avoir une vue magnifique sur la ville et ses lumières. Le jeune homme adorait la nuit, il était bien plus un être nocturne que diurne de toute façon. Tous ses sens se réveillaient et lors de cette période de la journée, il était d'autant plus en alerte et apte à s'amuser ou à se foutre en l'air. D'ailleurs ce soir allait peut-être lier les deux ? Il n'en savait encore trop rien. Il avait, plus tôt dans la journée, réservé à la maison close de Palerme, l'escort qui lui avait tant tapé dans l’œil il y avait de cela deux ou trois semaines. Il s'agissait d'un petit brun, assez jeune, tout juste majeur d'après James. Ce qui avait attiré l'attention de ce dernier n'était pas vraiment la carrure ou l'allure du gamin mais plutôt ses yeux. Les yeux de ce jeune homme étaient attirants, profonds à tel point qu'on avait l'impression de perdre pied en les observant. Il n'était pas le seul, certes, mais James ne pouvait pas laisser passer une telle occasion de l'ajouter à ses conquêtes. Enfin, peu importe, il allait le voir ce soir, l'avoir pour lui seul, cette nuit. Il ne savait pas encore ce qu'il comptait faire mais coucher avec lui n'était pas forcement une de ses priorités. Il préférait de loin séduire ses proies avant de passer à l'acte, il n'aimait pas quand tout était facile dès le départ. Quoiqu'il en soit, le jeune brun revêtit une chemise blanche et un jean noir ainsi que de simples derbys, il prit ensuite son portable, son portefeuille et ses clés de voiture puis sortit.

Une vingtaine de minutes plus tard, après avoir traversé le centre ville et être arrivé dans un coin plus reculé, James se trouvait devant la porte de la maison close. Celle-ci semblait immensément grande et les lumières tamisés qui sortaient des fenêtres l'amusèrent. Un sourire glissa sur ses lèvres alors qu'il observait une fois de plus les étoiles puis la porte, il adorait cette sensation d'interdit que lui procurait la situation. Lorsqu'il passa l'entrée il se pourlécha la lèvre, par réflexe, son regard de prédateur glissa sur la hall d'entrée, déjà hommes et femmes à moitié nus se prélassaient dans les canapés de velours. Avec une confiance en soi totale, James s’avança à la réception, la demoiselle qui se trouvait derrière le comptoir lui sourit, elle le connaissait déjà bien qu'il ne soit venu qu'une petite dizaine de fois.

Bonsoir Monsieur Haymett, Ezkiel vous attend chambre huit.

Chambre huit. Bien. Pour remercier la jeune femme qui venait de le renseigner il lui lança un sourire charmeur puis pris la direction de l'escalier. Une fois sur le palier James s’avança tranquillement, faisait fit des bruits caliente qui sortaient très légèrement de certaines chambres. Celles-ci étaient bien entendu insonorisées mais certaines personnes avaient le don de crier fort, ou d'aimer que l'on crie fort … En tout cas il lui en fallait bien plus pour l'exciter, c'est donc tout a fait naturellement qu'il frappa à la porte de la chambre huit avant d'entrer, avec toute l'élégance dont il savait faire preuve.

Chambre 8

Lorsqu'il passa la porte, James regarda tranquillement la chambre. Dans les tons bordeaux et dorés elle avait tout d'une chambre luxueuse et conçue pour la luxure. Miroir au plafond, barreau de lit solide, des draps en satins, un bouquet de rose sur la table de nuit et dans les tiroirs de celle-ci, le jeune homme imaginait très bien toute sorte d'objets divers et variés. Cependant tout cela était parfaitement normal, après tout n'était-il pas dans une maison close ? La pièce était baignée dans une douce lumière tamisée et une odeur exotique parfumait la chambre, vu comme cela on avait pas vraiment l'impression que des dizaines voir des centaines de personnes étaient passées avant nous. Non, vraiment pas, et pourtant … Un léger soupire glissa sur les lèvres du bel apollon alors qu'il pensait a tout ce qui avait pu se faire ici, que ce soit voulu ou non. Soudain, alors qu'il refermait la porte derrière lui, une voix le sortit de ses pensées.

Bonsoir.. Je suis à votre service pour toute la nuit...

La voix le surpris beaucoup. Elle semblait très faible, un peu plaintive, pas du tout naturelle. Fronçant légèrement les sourcils, le beau brun se retourna et ses yeux azur se plantèrent dans ceux de ce cher Ezkiel. Des yeux ternes et mouillés, il venait de pleurer. Un second soupire, toujours aussi discret, vint alimenter les lèvres rosées de James. Il se mit tranquillement à observer le gamin, sans se soucier du blanc qu'il pouvait laisser. Le brun devant lui était plus petit que lui, mince mais semblait posséder une fine musculature. Il semblait surtout abattu, fatigué et … et quelque chose d'autre qu'il n'arrivait pas à identifier. Étrange. Cela n’empêcha pas James de se plaindre intérieurement. Il avait envie de demander au gamin si la maison n'avait pas honte de proposer une marchandise de si mauvaise qualité. A votre service pour toute la nuit, tu parles, il n'avait même pas l'air de pouvoir tenir debout.

James regarda derrière son vis-à-vis et aperçu une sorte de petit salon qui était compris dans la chambre. Une table basse avec divers alcool et deux fauteuils en velours ainsi qu'un canapé. Le bel anglais se décala donc et passa à coté d'Ezkiel pour tranquillement aller s'installer sur l'un des deux fauteuils. Il regarda le dos du jeune garçon et ses yeux glissèrent sur ses fesses, de jolies fesses. Néanmoins il renversa sa tête en arrière pour se regarder dans le miroir du plafond, il s'observa un instant puis repris une position normale et enfin se mit à parler, montrant de sa main le deuxième fauteuil qui se trouvait en face de lui.

Assied toi.

Il attendit un peu puis reprit la parole, fixant le jeune homme avec sérieux. Cependant sa voix rauque restait douce, comme à son habitude.

Tu sais, je n'apprécie pas vraiment que l'on me mente. Quand on me dit que ce soir tu seras parfaitement en forme et ravi de me faire plaisir, on me ment. Pour la seconde partie c'est normal, après tout tu es un prostitué. Néanmoins tu n'es pas en forme. Tu es pâle, triste et maladif. Ça ne me plaît pas.

James fit la moue, comme pour illustrer ses propos puis s’avança un peu pour se servir un verre de Whisky. Il prit ensuite le verre avec délicatesse et l'amena jusqu'à ses lèvres. Il prit une gorgée, en cessant d'observer le gamin puis le gardant dans sa main soupira avant de déposer son menton dans son autre main, d'un geste las.

Bien, qu'est-ce qui ne va pas ?